Mai 68: qu'en reste-t-il 50 ans après?


Le moral des enfants des trente glorieuses ou baby-boomers, si vous le préférez, étaient dans son meilleur. Ils avaient cette envie de se faire remarquer par leurs actions, leur art et leur style de vie. Mais le vieux monde était encore là, avec son conservatisme, sa guerre et ses traditions séculaires. La goutte d’eau a fait versé le vase le printemps 1968, dont les résultats se ressentent encore jusqu’à aujourd’hui. Que ce soit dans les habitudes, dans les manifestations contre les mesures gouvernementales, les paroles sur les murs ou dans la lutte constante pour l’égalité parmi les sexes (pas entre les sexes car les transexuels sont à considérer. Ou serait-ce entre les cisexuels et les transexuels ?), mai 68 retrouve ses échos même si 50 ans sont passés depuis.

Mais pourquoi la goutte d’eau a versé le vase juste au printemps 68 ? Les ressources des trente glorieuses étaient le puis tari ; et quand les ressources s’épuisent, la grogne monte naturellement. S’y ajoutent une république gaulliste très conservatrice, une guerre au Viêtnam avec des bilans de plus en plus lourds et une croissance économique qui n’a pas forcément représenté une amélioration aux conditions de vie. Comme conséquence, un chômage galopant, un conservatisme myope et un anti-américain viennent à l’ordre du jour. Il eût suffi d’allumer l’étincelle.

Mai 68, une assemble générale
tenue dans la rue
Dès lors, le mouvement étudiant revendique plus de liberté, le mouvement ouvrier revendique plus de salaires et une vraie entrée dans la fête foraine de la consommation. Après des soulèvements spontanés un peu partout dans l’Hexagone, l’épicentre de ce séisme a eu lieu le lundi 13 mai, où tous les insatisfaits sont descendus dans les rues. S’opposant au « sois jeune et tais-toi », Daniel Cohn-Bendit et beaucoup d’autres étudiants répondent par « il est interdit d’interdire ». Les cols-bleus réagissent aussi à la société de consommation par une grève générale tellement sauvage que tout commence à manquer dans les marchés. Le gouvernement, dans son camp à lui, semble reculer et céder au même temps que forge l’image auprès des l’opinion publique d’un groupe ne voulant que perturber la paix et l’ordre. Le pays reste paralysé pendant plusieurs semaines, les dalles deviennent la munition des démunis, les murs et les rues ont la parole. Les « CRS-SS » interviennent, ce qui fit perdre la vie à 4 personnes, ainsi que 2 000 blessés lors des émeutes. Au bout d’un moment, et peut-être à bout des forces, les deux camps doivent négocier, encore qu’âprement. Les Accords de Grenelle prévoient une augmentation de 35% du SMIG (salaire minimum à l’époque) et de 10% des salaires réels ; les universités sont rouvertes, leur accès ayant été objet de massification ; l’assemblée nationale est dissoute, mais les conservateurs font une majorité lors de sa recomposition : 293 sièges sur 487 restent sous l’influence de la droite.


Il est certes évident que ce mai 68 a été le mouvement social de l’histoire de France le plus porteur du siècle passé. Ceux qui ont été patients – ou qui ont tout simplment survécu – ont pu profiter de la Nouvelle Vague, ont ensemencé la terre qu’a vu posser les Médecins sans frontières et les mouvements écologiques, ont pu jouir sans entraves grâce à la libération sexuelle et à une amélioration de la condition féminine.

Par ailleurs, les échos vers le sud de toutes ses libertés n’ont pas pu être à la porté de tous. Pour parler un peu de chez nous, le Brésil était sous une dictature féroce qui persécutait même quidam portant des vêtements rouges. Piloté par le paranoïa de l’anti-communisme à la Hoover, on a vécu une fuite des cerveaux, l’exil des plus grands artistes et la torture de ceux qui semblaient résister. La censure étant à l’ordre du jour, les sous-entendus s’affichaient au cinéma, s’entendaient aux pièces de théâtre et se chantaient par les chansons, tout cela dans une société fort divisée même dans ses propres camps : des tropicalistes sifflés par une gauche qui se croyait plus engagée, alors qu’ils étaient chahutés par une classe moyenne toujours conservatrice, étaient monnaie courante.

"Le requin et la mouette ne communiquaient pas" René Char

Ceci étant, que nous reste-t-il de mai 68 ? D’une part, la droite dira que ce mai 68 a excité le laxisme et la paresse sociale. D’autre part, on verra ces jours de lutte comme rénovateur et refondateur, encore que le portrait dressé à l’époque était incompatible avec le présent mariage pour tous ou même les zadistes à Notre-Dame des-Landes. Comme on peut le constater, quel que soit le côté que l’on prenne afin d’analyser cet événement, une chose est sûre. Son influence de nos jours n’est pas à ignorer.

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